Niger : la junte dans l’entonnoir
Le coup d’Etat perpétré par le chef de la garde présidentielle Abderrahamane Tiani ne semble pas connaitre de fin. Les condamnations unanimes laissent les putschistes, qui retiennent toujours en otage le président Mohamed Bozum démocratiquement élu, dans une position pour le moins délicate.
Impréparation et confusion
L’ONU, L’Union africaine, L’Union européenne et maintenant la Cedeao ( Communuaté économique des états de l’Afrique de l’ouest ) exigent le retour à l’ordre constitutionnel. Cette dernière organisation n’exclut pas le recours à la force si les insurgés persistaient dans leur aventure. La France, l’Allemagne, l’Espagne et l’UE ont suspendus leur aide. Dans l’un des pays les plus pauvres du monde, cela peut poser quelques problèmes de trésorerie. Même la Russie, dont les drapeaux sont brandis dans les manifestations plus ou moins inspirées par les insurgés, appellent les différentes parties « à la retenue et au retour à la légalité »
Seuls soutiens des putschistes nigériens, leurs homologues maliens et burkinabés. C’est maigre pour faire face à l’indignation internationale et à des sanctions qui, littéralement, peuvent asphyxier le pays.
Une atmosphère de confusion règne dans le pays. Le président Marcon a pu obtenir de parler au président Bozum qui refuse toujours d’abdiquer et la multiplication des tentatives de médiation attestent du fait que les auteurs du coup d’Etat n’ont pas toutes les cartes en main. Les divergences qui ont prévalu dans les forces armées et les services de sécurité en amont de cette opération en donnent une impression de précipitation voire d’improvisation.
Le coup d’Etat de trop ?
Pour l’instant, les militaires nigériens tentent de sortir de l’ornière où ils se sont mis en mobilisant les jeunes dans la capitale qui dénoncent la politique de la France et en appellent au soutien russe. Une manoeuvre qui n’est pas sans risque. Les manifestants, par excitation ou du fait d’une provocation, pouvent commettre des exactions qui porteraient atteinte aux ressortissants français ou à aux établissements abritant les représentations diplomatiques françaises. Une éventualité contre laquelle le président français a fermement mis en garde. L’avertissement a été aussitôt relayé par le président de conseil européen, Charles Michel – lequel accuse ouvertement la Russie de vouloir tirer avantage de la situation – qui déclare que l’UE tenait les putschistes responsables de tout ce qui pourrait attenter à la sécurité des personnes et des biens des citoyens et des Etats européens.
La violence de ces mouvements de foule ont amené la France à entreprendre, dès ce mardi, l’évacuation de ses ressortissants et ceux de l’UE qui souhaiteraient quitter le pays.
Pour les Européens et les Américains, ce dernier coup d’Etat apparait comme un chainon d’une offensive stratégique qui a déjà fait basculer le Mali et le Burkina Faso dans le camp de la Russie qui a aussitôt investi ces deux pays directement, par des conseillers officiels, et via les milices Wagner.
Le risque de contagions qui pourraient atteindre les pays d’Afrique de l’ouest est sérieusement pris en compte par les capitales occidentales.
Au point où certains analystes voient dans ces renversements un prolongement de la guerre en Ukraine. Ce qui donne un relief particulier au putsch de Niamey et autant de soucis à ses auteurs.

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