Tunisie. La société civile se mobilise pour les droits des femmes
Le front pour les droits des femmes créé en avril 2023 a publié ce samedi un communiqué rappelant leurs revendications. Une occasion pour faire le point sur la condition féminine dans une Tunisie qui fut longtemps le pays du Sud le plus avancé dans ce domaine. L’arrivée des islamistes au pouvoir et l’accaparement de la quasi-totalité des prérogatives constitutionnelles par Kais Saied depuis juillet 2021 n’a pas formellement remis en cause les avancées acquises sous Bourguiba mais, dans les faits, le quotidien de la femme tunisienne dans la famille, la rue ou au travail se dégrade de jour en jour.
Ce qui a conduit les auteurs de l’initiative à exiger l’élaboration de lois consacrant une égalité complète entre les sexes.
Le texte revendique notamment :
- la révision de l’ensemble du cadre règlementaire pour garantir l’égalité et éradiquer toutes les formes de discrimination ; le Code du statut personnel en premier, de façon à ce que la législation soit conforme aux conventions internationales, en supprimant la dot, en instaurant l’égalité entre hommes et femmes pour la qualité de chef de famille, et en supprimant toutes les formes de discrimination fondées sur la religion, dans l’ascendance, le nom de famille, la garde, le tutorat et l’héritage
- la révision de la législation sur les congés de maternité afin d’établir l’égalité entre les travailleuses du secteur public et celles du secteur privé et la ratification de la Convention n°183 sur la protection de la maternité
- l’accélération de la mise en œuvre de la loi 58
- la mise en œuvre du protocole d’accord pour le transport des ouvrières agricoles
- la publication des décrets d’application de la loi sur l’économie solidaire et sociale et la loi sur le travail domestique
- la révision du système de couverture sociale
- le respect des Règles Nelson Mandela et Règles de Bangkok sur les besoins spécifiques des femmes détenues ainsi que la ratification de la convention internationale sur la lutte contre la violence et le harcèlement au travail
- l’allocation d’un budget pour la prise en charge des femmes victimes de violences
- l’élaboration de stratégies pour la lutte contre la pauvreté et la marginalisation des femmes
- l’activation du principe de la parité horizontale et verticale dans la loi électorale et la facilitation de l’accès des femmes aux postes de gouvernance au sein des instances élues et non-élues tant à l’échelle nationale qu’internationale
Ce document a été notamment signé par l’Association tunisienne des femmes démocrates, l’Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement, l’Association Tawhida Ben Cheikh, le Syndicat national des journalistes tunisiens, l’Association tunisienne pour la lutte contre la torture et la Coalition tunisienne contre la peine de mort.
Pour rappel, lorsque les femmes iraniennes avaient entamé leur mouvement en septembre 2022 après la mort de Mahsa Amini dans un commissariat de police, les Tunisiennes furent les seules du monde musulman à avoir organisé un rassemblement de soutien aux Iraniennes en lutte.