Colloque à Montréal sur les défis de l’Algérie : quel rôle pour la diaspora ?
Quel rôle peut jouer la diaspora dans le développement du pays ? C’est à cette interrogation qu’a tenté de répondre Bachir Halimi, président-directeur général de Speech Mobility, une entreprise canadienne spécialisée dans les TIC.
Méfiance officielle envers la diaspora
M. Hamili intervenait lors du colloque « Les défis de l’Algérie » organisé par l’organisme Alegria Perspectives samedi à Montréal.
Le choix de la date n’est pas fortuit, puisque l’événement a été organisé la veille de la commémoration du Congrès de la Soummam.
Brossant un tableau sombre de la situation générale du pays, marquée par l’instabilité politique et la restriction des libertés, l’orateur a fait part de ses expériences personnelles de connecter la diaspora au pays natal mais qui n’ont pas abouti, en raison, dit-il, d’un « grain de sable qui bloque l’engrenage ».
Pourtant, le terrain était censé être favorable à ce genre d’entreprise, du moins du côté de la diaspora. Celle-ci regorge de compétences prêtes au transfert des connaissances, dispose d’un réseau de lobbying informel et de fonds pour booster la collaboration avec les entreprisses locales. Et, par-dessus tout, il y a une attache affective au pays que la communauté nationale à L’étranger a démontrée à chaque occasion.
« Combien d’opportunités ratées par manque de vision », a déploré le conférencier, citant la tentative d’installer des centres d’appel, alors que cette expérience a fait preuve au Maroc, en Égypte et en Inde. À ce propos, le conférencier cite des exemples de collaboration réussie des diasporas coréenne, chinoise, russe et indienne avec leur pays, notamment dans le domaine des nouvelles technologies.
Pour dépasser cette situation handicapante, l’homme qui a vendu ses brevets à Microsoft et plaide pour une stratégie à long terme qui crée un climat de confiance afin de supprimer les blocages et faciliter la collaboration entre l’Algérie et sa diaspora. Il faut rompre avec les décisions qui hypothèquent l’avenir du pays, a-t-il ajouté.
Les leçons du Hirak
L’insurrection citoyenne du 19 février 2019 est l’expression d’une crise de légitimité, a professé pour sa part le sociologue Houari Addi qui a pris la parole après le speech de Hamili.
Reconnaissant que le changement de légitimité prend du temps, le conférencier estime que la construction nationale n’est pas achevée, en raison notamment de la légitimité historique héritée de la guerre de Libération nationale.
Si le mouvement citoyen n’a pas tenu toutes ses promesses, le professeur Addi met ce postulat sur les contradictions dans la société qui, selon l’expression marxiste consacrée, ne sont pas mûres pour un saut qualitatif,.
L’émergence de la mouvance islamiste est du pain béni pour le système qui a fini par s’adosser sur deux légitimités en intégrant le socle religieux depuis l’ouverture démocratique de 1989, dont les acquis s’effritent un à un.
L’armée qui détient la réalité du pouvoir « a besoin de l’idéologie des islamistes et aspire à une alliance informelle, qui se décline dans la convergence novembria-baddissia », a analysé Addi dont les positions sur le fondamentalisme semble connaitre une évolution plus critique.
Ce dernier, qui a répondu à une question de la salle sur la nécessité d’une charte des valeurs démocratiques comme préalable à toute entreprise de refondation nationale, a admis que la construction de l’état-Nation est un processus long, ce que n’a pas réussir le hirak qui a tout de même bousculé l’imaginaire collectif national. Signalons que le colloque a été ouvert par une communication de l’économiste Smain Lalmas.
De Montréal : Nadir B.