EDITORIAL. L’islamisme et la France : le yoyo perpétuel
Gabriel Attal, le tout nouveau ministre de l’éducation nationale vient d’annoncer l’interdiction de l’abaya ( tunique recouvrant le corps des femmes ) dans les établissements scolaires français. Gageons que des médias du Sud ,qui ignorent tortures et arbitraires quotidiens dans leurs environnements immédiats, vont encore crier à l’islamophobie. Mais là n’est pas le propos du jour.
Profils antagonistes
Cette décision va à contre-sens des conceptions intellectuelles et civiques de son prédécesseur, le fugace Pape N’diaye pour lequel l’affichage religieux dans l’espace public devait être toléré voire intégré comme une nécessité sinon une condition de la cohésion de la cité moderne. Crypto- wokiste, le chercheur N’diaye n’aura pas fait de vieux os rue de Grenelle et ceci, malgré les ambiguïtés que cultive le chef de l’Etat français sur la question migratoire et son pendant, l’islamisme. Le même Pape N’diaye avait succédé à Jean Michel Blanquer jugé, lui, trop rigide sur la question de la laïcité.
Le rythme et la nature des rotations qui caractérisent un département ministériel aussi stratégique illustre un balancier politique où se heurtent les hésitations sur un sujet qui mine chaque jour un peu plus la société française, dans tous ses secteurs d’activité.
L’éducation nationale est le lieu où les charges islamistes sont les plus visibles mais ce n’est pas le seul. Le drame qui a couté la vie à Samuel Paty avait provoqué un violent choc émotionnel mais pas de sursaut politique suffisant pour que les dirigeants français regardent en face une réalité qui s’impose à eux ; celle-ci est trop complexe et implique des déductions et, donc, des mesures que peu semblent disposés à assumer dans un système éducatif gagné par l’islamo-gauchisme, notamment dans le segment universitaire. Un silence qui fait le lit de la droite extrême, laquelle pêche par un excès inverse qui consiste à voir dans tout immigré un islamiste, alors que les diasporas comptent en leur sein les acteurs les mieux indiqués pour contribuer à l’élaboration d’une politique qui appréhende enfin ce fléau pour ce qu’il est : un péril menaçant la société française mais aussi une pandémie déréglant le monde démocratique.
Laïcité honteuse
Dans un interview s’étalant sur 16 pages, accordée au magazine le Point n°2664, et dont une bonne partie fut réservée à l’éducation qu’il déclare domaine régalien, Emmanuel Macron n’a pas prononcé une fois le terme laïcité. Un signe. Commentant les émeutes du début de l’été, il évacue l’influence du phénomène religieux dans l’exaspération qui anime les jeunes émeutiers, dont l’écrasante majorité était d’origine musulmane, se contentant de seriner le refrain de l’exclusion sociale. Une interprétation commode qui évacue le débat sur un phénomène qui infuse inlassablement dans les sociétés démocratiques.
La révolution numérique a favorisé l’éclosion de chapelles qui entretiennent dans les familles le devoir de revanche historique contre l’Infidèle. Sur cet humus, prospère une géhenne qui, sous diverses formes, alerte contre l’intégration et encore d’avantage l’assimilation, progressivement décrites comme des reniements de soi avant d’être désormais dénoncées en tant que trahisons. Ce climat de ghettoïsation existe, c’est une réalité sociale massive et pérenne, le nier ne le fera pas disparaitre. En parler est déjà un moyen de mettre de la raison sur une frustration investie comme le premier carburant de la vengeance. Or, la bienpensance interdit toute discussion sur une contre-culture qui couve dans des foyers français, qui vivent en France et qui ont été méthodiquement amenés à se projeter dans un monde qui les rétabliraient dans une Histoire confisquée par le Blanc.
On comprend la logique des régimes militaro-policiers du Sud post-coloniaux dont les abus ont mécaniquement provoqué l’émergence de l’islamisme parce qu’ils étaient foncièrement hostiles à la perspective citoyenne ; on peut entendre, sans pour autant y adhérer, les complicités qui soudent l’islamisme et la gauche radicale, cette dernière associe le Prophète au prolétaire et chevauche tout ce qui peut perturber ou détruire l’ordre démocratique. Mais il est difficile de saisir les esquives et les dénis des dirigeants occidentaux qui minimisent, quand ils ne les occultent pas, les multiples et récurrentes manifestations du fondamentalisme islamiste qui, elles, sont affichées avec constance et détermination.
La noria de profils aussi dissemblables que ceux de Blanquer, N’diaye ou Attal au poste de ministre de l’éducation est l’un des exemples de l’hébétude qui habite l’autorité politique et la sphère intellectuelle française. Un désarroi qui n’a certainement pas fini de surprendre.