Fondation Tiregwa d’Ottawa : des prix pour encourager la littérature amazighe
La Fondation Tiregwa, établie à Ottawa, au Canada, a dévoilé cette semaine la liste des lauréats des prix littéraires amazighes pour l’édition 2022/2023.
Les lauréats ont été récompensés dans cinq catégories, à savoir le prix Rachid Alliche du meilleur roman, le prix Belaïd At Ali de la meilleure nouvelle, le prix Taos Amrouche de la littérature jeunesse, le prix Fouroulou de la littérature biographique et le prix Mohya de la traduction-adaptation.
Pour la 9e édition du prix Rachid Alliche, c’est le chercheur universitaire Mohand-Akli Salhi qui a eu les faveurs du jury pour son roman « Tiṭ d Yelliḍ : Ayen i d-qarrent tewriqin » (L’œil et l’orgelet, ce qui disent les feuillets). Titulaire d’un doctorat en langue et culture amazighes et d’une habilitation universitaire, M. Salhi enseigne au département de langue et culture amazighes de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. En plus de son travail académique, le lauréat est co-directeur avec l’écrivain Salem Zenia de la collection « Aru, Études et textes amazighes » chez les éditions L’Odyssée.
Dans la catégorie des nouvelles, le prix Belaïd At Ali, qui est à sa 10e édition, a distingué trois œuvres. Il s’agit de « Taɛekkazt n lqaḍi » de Lyes Belaïdi pour le 1er prix, de « Ababaɣayuu ilelli » de Nassima Khoukhi pour le 2e prix et de Taqinṭuct n yibekwa » de Toufik Ghilas pour le 3e prix.
Pour intéresser et encourager les enfants à l’écriture amazighe, la Fondation Tiregwa a institué depuis 2020 le prix Taos Amrouche de la littérature jeunesse. Ainsi, pour les moins de 5 ans, c’est Louiza Kaneb qui s’est distinguée pour son texte « Ɣerduduc », tandis que Massa Mezache a triomphé chez les 6 à 10 ans pour son histoire « Aqcic bu tebɣest ». Chez les adolescents, le prix est revenu à Amar Rabah pour son œuvre « Nnig u kanun ». Pour sa part, le caricaturiste Kamel Bentaha s’est distingué sans surprise dans la catégorie bandes dessinées pour sa BD « Tinhinan temmuger tafsut ».
Steinbeck en kabyle
Le prix de la littérature biographie et autobiographique a été raflé par l’artiste engagé Ali Belhot pour son roman « Ajeǧǧig n ugudu » (Les roses au pied du bousier). L’œuvre de ce natif de Tizi Ghennif, en Kabylie, qui avait troqué son statut de banquier pour verser dans l’enseignement de la langue amazighe depuis 1995, complète une trilogie entamée depuis 2020 qui raconte le combat identitaire pour la cause amazighe sous toutes ses formes.
Enfin, dans la catégorie de la traduction et de l’adaptation, le prix est revenu à Arezki Boudif pour « Tameɣwant seg Yillel », une traduction du roman « La Perle », une œuvre populaire de l’écrivain américain John Steinbeck.
Après des études à l’université de Tizi Ouzou, il s’inscrit pour un cursus de chimie à l’université de Picardie, avant de cheminer avec un doctorat en chimie organique à l’université Paris-XI. Plus tard, M. Boudif s’exile aux États-Unis où, après un intermède académique à l’Université d’Iowa, verse dans le secteur privé pour s’investir dans l’industrie biotechnologique.
Pour autant, son profil professionnel ne l’empêche pas de s’impliquer corps et âme dans le mouvement associatif amazigh. Il rejoint ainsi l’Association culturelle amazigh en Amérique du Nord (ACAA) et sa revue bilingue « The Amazigh Voice – Taɣect Tamaziɣt ». Outre « La Perle », le lauréat originaire de Tigzirt sur mer a également traduit en 2022 un autre roman de Steinbeck « Des souris et des hommes » sous le titre « Uḥdiq d Wungif ».
De Montréal : Nadir B.