Kabylie : une fille interdite de porter une robe kabyle dans un lycée
La vidéo est devenue virale en quelques heures. On y voit une mère de famille dénonçant les responsables du lycée d’El Kseur, dans la wilaya de Béjaïa (Kabylie), qui menacent d’exclure sa fille si elle revenait dans l’établissement avec la tenue traditionnelle kabyle.
La dame, qui se trouve être une enseignantes au département de langue culture amazighes à l’université de Béjaia, s’est rendue sur les lieux et s’est vue répondre par un surveillant que sa fille ne serait pas autorisée à suivre les cours si elle ne portait pas « une tenue officielle ». La maman explique que quand elle demanda qui définissait la tenue officielle et quelle en était la nature, l’agent de l’éducation bafouilla une réponse incompréhensible. Sur la vidéo, on entend la mère de famille poser la question de savoir si le hijab était une tenue officielle avant d’ajouter que ce n’était pas elle et sa fille qui avaient renié leurs origines mais ceux qui veulent interdire un habit qui signe la fidélité à la Kabylie. Elle avertit que son enfant comme ses deux autres filles continueront à porter le vêtement légué par leur histoire et dont elle était elle-même vêtue.
En réaction à cet abus, les filles scolarisées de la localité sont toutes sorties avec la robe kabyle, provoquant un élan de solidaire qui s’est étendu à l’ensemble de la région. La fille finira par être scolarisée mais le fait que pareil acte ait pu avoir lieu en Kabylie en dit long sur la régression politique et culturelle qui y sévit.
Pour l’instant, les structures supérieures de l’Éducation n’ont pas réagi au niveau national ou régional à cette décision, mais le chef de l’établissement a fait savoir qu’il s’agissait d’un acte isolé sans pour autant dire quelle suite serait donnée à ce qui est présenté comme un excès de zèle mais qui est vécu par la population comme une intimidation participant d’une stratégie plus globale. En effet, depuis que l’ancien chef d’état-major Ahmed Gaid Salah avait ciblé en 2019 les porteurs de l’emblème amazigh, les autorités exercent une pression continue et multiforme sur la Kabylie. Après la destitution illégale et l’emprisonnement du président du club emblématique la Jeunesse sportive de Kabylie, la JSK, ce furent les cafés littéraires, nombreux et très actifs, qui subirent les interdits abusifs de l’administration.
Fragilisée par une répression stratégique, la Kabylie est aussi la cible des islamistes. L’organisation Rachad consacre une émission quasi quotidienne à cette région, naguère considérée par la mouvance intégriste comme la source des hérésies menaçant « les constantes nationales » que sont la langue arabe et la religion islamique.