mardi, novembre 28, 2023
Politique

TABLE RONDE SUR LA PANNE DÉMOCRATIQUE EN AFRIQUE DU NORD : DÉBAT RICHE ET VIF

Belle salle et beau débat sur la « panne démocratique en Afrique du nord » organisé ce jeudi à Paris par l’association Ufal 75 au patronage laïque animé par l’écrivaine Djamila Benhabib et auquel furent conviés le journaliste Abubakr Jemai pour le Maroc, l’historienne tunisienne Sophie Bessis pour la Tunisie et l’auteur Saïd Sadi pour l’Algérie.

Si les interventions de 10 minutes de chacune des trois personnalités étaient relativement stables dans la mesure où les trois personnalités avaient exposé les réalités de leurs pays également frappés par des régressions patentes, leurs relances sur les perspectives et les compréhensions des enjeux nationaux et régionaux furent des moments de vrais clivages, voire de francs désaccords, notamment sur la question islamiste.

Sophie Bessis partant du fait que la France n’a pas dissous le Rassemblement national conclut que l’arrêt du processus électoral fut une faute commise par des partis démocrates animés par des non-démocrates. Et d’ajouter que ces derniers ont renforcé un militarisme prédateur. 

Une position que n’était pas loin de partager le Marocain Abou Bakr Jemai qui allégua que c’est l’exclusion des islamistes qui les avaient acculés à la violence et qu’il appartenait aux citoyens de convaincre ceux qui n’étaient pas d’accord avec eux à condition que ceux-ci se démarquent de la violence.

Saïd Sadi répliqua qu’il ne fallait pas amalgamer les islamistes marocains et tunisiens issus d’histoires et de cultures différentes de ce qu’a connu l’Algérie. Par ailleurs, souligna-t-il, en Algérie, les islamistes n’ont pas attendu l’arrêt du processus électoral pour s’adonner à la violence et que c’est bien cette violence qui a posé problème en Algérie avant d’inviter ses deux partenaires de tribune à éviter les raccourcis et les caricatures. Ce n’est pas parce que les régimes autocratiques jouent de l’intégrisme que ce phénomène qui existerait partout ailleurs serait une vue de l’esprit en Algérie.

La question de la laïcité a aussi fait débat quand Sophie Bessis a affirmé que cette donnée n’a jamais existé dans les sociétés nord-africaines. Allégation démentie par Saïd Sadi qui a cité en exemple les assemblées de village qui délibèrent sans la présence de l’imam qu’elles se donnent le droit de révoquer s’il ne répond pas aux attentes des citoyens. Et d’ajouter que c’est sur cette pratique que le RCD a revendiqué la laïcité.

Des intervenants français et algériens ont posé la question de savoir comment faire quand un homme ou un parti proclame ouvertement qu’il mettra un terme à la démocratie sitôt arrivé au pouvoir. Une question à laquelle Sophie Bessis avouera qu’il est difficile de répondre.

L’animatrice Djamila Benhabib a relevé que les postures théoriques pour commodes qu’elles soient ne résolvent pas les situations concrètes que vivent les citoyens confrontés à la violence islamiste.

Ce débat qui a suscité intérêt et commentaires dans la salle, avec ses divergences et ses moments de tension, signifie que les intellectuels et les diasporas des trois pays peuvent dialoguer et qu’ils ont beaucoup à apprendre les uns des autres, conclura l’animatrice.

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