jeudi, novembre 30, 2023
Politique

Manifestations populaires : faible mobilisation en Algérie, tensions au Maroc et populisme en Tunisie

En Algérie, les médias officiels et leurs proxys ont souligné le calme et la discipline qui ont prévalu lors des manifestations auxquels ont appelé ce mercredi des organisations de la société civile et des formations politiques acquises aux thèses du pouvoir comme le FLN ou le RND mais aussi  le FFS qui assume sa proximité avec les orientations du chef de l’Etat. 

Désaffection algérienne

Les plans serrés ou les zooms sur les pancartes cachaient mal les rues clairsemées où dans le meilleur des cas, comme ce fut le cas à Alger, on pouvait dénombrer quelques milliers de personnes et ceci en dépit de la forte implication de l’administration dont les traces pouvaient se deviner à travers la similitude des banderoles et des drapeaux algériens et palestiniens arborés par les marcheurs. En Kabylie ce fut le désert. A Tizi-Ouzou, on a dénombré à peine deux cents personnes. 

On était loin des millions de citoyens qui avaient investi les rues en 2019 et 2020. Pour Arezki, enseignant à l’université Mouloud Mammeri qui avait fait toutes les marches du Hirak, cette désaffection renvoie à un double motif : «  Les Algériens n’adhèrent pas à l’instrumentalisation de la cause palestinienne par le pouvoir et le fait que ce soit une organisation islamiste qui incarne le peuple palestinien ajoute au rejet des citoyens, toujours hantés par l’islamisme. »

Divorce entre la rue et le Palais au Maroc

Au Maroc, la situation se tend. D’une part, et à l’inverse de l’Algérie, les masses populaires se sont mobilisées aussi bien à Rabat qu’à Casablanca, d’autre part, les organisateurs dénoncent la normalisation avec Israël allant jusqu’à dire que si le régime n’y renonçait pas il tomberait. Signe que le pouvoir prend au sérieux cette menace, les membres du bureau de liaison israélien au Maroc ont été évacués. Le silence embarrassé du Palais royal en dit long sur l’incertitude qui règne dans le royaume.

Diversion et populisme à Tunis

Tunis a vu la mobilisation des grands jours. La doxa populiste du président Kaïs Saïed qui se défend d‘être antisémite, rencontre un vrai écho dans la jeunesse tunisienne. Une mobilisation qui permet de faire diversion sur une situation économique et sociale calamiteuse. Un peu comme Vladimir Poutine souffle insidieusement sur les braises au Moyen Orient pour occulter la guerre en Ukraine où les Etats Unis sont obligés de réduire leur aide à Kiev afin de mieux doter Tel Aviv en armes et munitions qui sont autant de moyens soustraits aux fronts de Zaporijia et du Dombas. 

Au moment où nous mettons en ligne aucun dirigeant des trois pays n’a dénoncé les atrocités commises par Hamas le 7 octobre ni commenté les informations faisant état de le responsabilité du Djihad islamiste dans le drame qui frappé mardi soir l’hopital de Gaza . 

Une position symétrique aux alignements univoques de certaines organisations d’extrême- droite israéliennes que condamnent d’une même voix presse et organisations tunisiennes, algériennes et marocaines.

En Afrique du nord le débat adulte sur la question palestinienne n’a pas commencé.  

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