Huit ans après les attentats du 13 novembre 2015. Etat des lieux en France
L’attentat d’Arras, ayant coûté la vie au professeur Dominique Bernard, et la recrudescence des actes antisémites, plus de 1200 depuis le début de la guerre au Proche-Orient, viennent rappeler que la menace du terrorisme islamiste pèse toujours en France huit ans après le déchaînement de la plus grande vague d’attentats que l’Hexagone ait connus depuis le début du XXIe siècle.
L’année 2015 fut particulièrement meurtrière et éprouvante. Les attaques terroristes débutèrent, dès le 7 janvier, avec l’attentat commis par les frères Kouachi contre la rédaction de Charlie Hebdo et se poursuivirent tout au long de l’année pour aboutir avec l’offensive d’un commando djihadiste, le 13 novembre 2015, sur plusieurs sites parisiens dont le Stade de France, où avait lieu une rencontre amicale entre les équipes nationales de football française et allemande, et le Bataclan, une salle de concert où se produisait le groupe américain de rock Eagles of Death Metal. Bilan : 130 morts et 413 blessés hospitalisés avec des scènes de guerre dans la ville Lumière qui, ce soir-là, était plongée dans l’horreur et les ténèbres du fondamentalisme islamique.
Huit ans plus tard, les choses semblent ne pas s’être grandement améliorées tant la menace terroriste islamiste reste encore forte. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a eu l’occasion de rappeler, à plusieurs fois, qu’il y avait déjà eu, depuis le début de l’année « 43 attentats islamistes déjoués, 1 tous les mois et demi. 1500 personnes interpellées qui ont un lien direct avec l’apologie du terrorisme, des préparations d’attentats depuis 5 ans. 6 500 personnes par an que nous mettons sous techniques de renseignements ». Avec, cette fois-ci, une évolution dans le mode opératoire et des passages à l’acte de plus en plus individualisés de profils radicalisés « à distance ».
C’est, d’ailleurs, ce que décrit l’islamologue Gilles Kepel avec son expression « djihadisme d’atmosphère » que l’on pourrait élargir, au-delà du phénomène terroriste, pour décrire tout un « climat » propagé via la toile par les relais du fondamentalisme islamique dans la société française auxquels s’agrègent des mouvements connexes comme ceux des décolonialistes, indigénistes et wokes relayant la propagande d’une « France islamophobe, raciste et xénophobe » alimentant ainsi haine et ressentiment, principaux moteurs de l’islamisme.
Face à cet état de fait, les réponses se font attendre. Par ailleurs, les tergiversations de la majorité présidentielle et les outrances langagières de la France Insoumise n’aident pas à la clarification des enjeux. À cela s’ajoute un manque d’engagement des principaux concernés dans cette bataille contre le fondamentalisme islamique : les associations et représentants du culte musulman en France qui ont, une nouvelle fois, brillé par leur absence à la manifestation, organisée hier, « pour la République, contre l’antisémitisme », laissant prospérer les ambivalences dans la lutte contre ces maux qui rongent l’islam en premier.
Mayas MESSIR