Algérie : Tebboune multiplie les sorties sur le terrain
Resté longtemps calfeutré dans ses bureaux d’El Mouradia d’où il pilota de nombreux changements dans la haute hiérarchie de l’administration territoriale, judiciaire ou diplomatique, Abdelmadjid Tebboune investit le terrain depuis un mois. Après sa visite à Djelfa, Hauts plateaux du centre du pays, il s’est rendu ce jeudi aux Journées de l’entrepreneuriat regroupant des entreprises publiques et privées où l’on pouvait voir des stands de jeunes porteurs de projets mais aussi des entrepreneurs de la communauté nationale établis à l’étranger.
Accompagné du nouveau premier ministre Nadir Larbaoui et du président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), Kamel Moula, le chef de l’Etat s’est voulu rassurant envers les investisseurs auxquels il a promis le soutien des pouvoirs publics à travers des dispositions incitatives, concernant particulièrement ceux qui œuvrent à la sécurité alimentaire de la nation. Devant le stand d’un entreprise de produits pharmaceutiques, il a déclaré vouloir instituer un ministère dédié à cette industrie. Un peu plus loin, il encourage un jeune fabriquant de machines industrielles originaire de Ghardaia à déposer sa demande d’attribution de l’assiette foncière nécessaire à la concrétisation de son projet et l’assure qu’elle sera prise en charge “immédiatement”.
La volonté de traiter personnellement les dossiers et les détails de ces interventions ne manquèrent de susciter un commentaire dubitatif d’un journaliste du service public, coutumier des sorties présidentielles : « J’ai l’impression d’entendre les mêmes ritournelles depuis que Chadli a décidé de mettre un terme au monopole de l’Etat sur la sphère économique », confie à son collègue de la radio, celui qui se définit comme le préposé « aux bonnes nouvelles qui n’arrivent jamais. »
Et c’est vrai que l’écosystème juridique et financier reste dans une rigidité qui ne pousse pas à l’audace entrepreneuriale. Preuve en est la léthargie de la bourse d’Alger. C’est d’ailleurs le président lui-même qui a annoncé au cours de ce même déplacement, l’ouverture, à hauteur de 30%, du capital de deux banques publiques aux investisseurs du secteur privé avant la fin de l’année 2023. Une information qui aurait pu être faite par le premier ministre ou le ministre des finances. Venant de la part d’un dirigeant dont la mission est d’inspirer, d’orienter ou d’arbitrer la décision, la nouvelle a aussitôt été interprétée comme un prélude d’une campagne électorale qui ne veut pas dire son nom.