Deux poids deux mesures : le difficile équilibre des Musulmans
Deux poids deux mesures, regard hémiplégique, parti pris de la presse, les dénonciations venant des médias- notamment algériens – des narrations faites par les organes occidentaux de la guerre qui oppose Israël et Hamas constituent des récurrences unanimement partagées. Et il est vrai que les analyses monoculaires de certaines chaînes d’information peuvent heurter.
Le problème est que cette indignation – à l’occasion légitime – reste d’une déplorable sélectivité dans le Sud musulman, ce qui la prive de rationalité et donc de crédibilité.
Ce lundi, les pays musulmans et arabes furent conviés à Pékin pour tenter de réduire la violence qui ensanglante Gaza où Israël déverse des tonnes de bombes sur les populations gazaouies. Une réaction qui est apparue largement disproportionnée par plusieurs observateurs, y compris ceux qui comptent parmi les soutiens de l’État hébreu. Le souci de vouloir mettre un terme au martyre des Musulmans de Gaza est louable. Sauf que la Chine n’est pas le pays le mieux indiqué pour témoigner compassion et solidarité envers des communautés musulmanes. Le calvaire subi par les Ougihours dont des milliers sont envoyés dans « des camp de redressement » pendant des années sans possibilité de communiquer avec leurs familles n’a, pour l’instant, soulevé aucune protestation dans un pays arabe ou musulman. Sans compter les éditions de Coran édulcorées de toute référence à la violence. Un sacrilège ignoré par une rue arabe prête à s’enflammer à la moindre caricature d’un journal humoristique.
Autre exemple : ce mardi, Vladimir Poutine, célébré dans le Sud global comme le sauveur de la veuve et l‘orphelin participera en visio à une conférence dont l’objectif est de presser Israël à cesser les bombardements sur les civils gazaouis, lui qui fait bombarder hôpitaux, théâtres et quartiers résidentiels depuis bientôt deux ans en Ukraine. On imagine mal un titre ou une organisation se réclamant de l’identité musulmane rappeler cette contradiction au maître Moscou.
Cet aveuglement en dit long sur le chemin éthique qui reste à parcourir dans le monde arabo- musulman où, hormis le prince héritier de Bahrein, pas une voix officielle ne s’est élevée pour condamner les horreurs du 7 octobre.